C’est pharaonique

7 juillet 2017

C’est pharaonique

De ma tendre enfance, mes lectures bibliques me permirent de découvrir l’Égypte à travers mon imaginaire. Je me souviens de l’histoire de Joseph qui après avoir été vendu par ses frères en tant qu’esclave va réussir à gravir les échelons pour devenir l’homme le plus puissant d’Égypte après le pharaon. Je me rappelle encore de l’histoire de Moise qui avait été déposé sur le Nil par sa mère et celle de Jésus qui s’y réfugiait avec sa famille pour échapper à la colère d’Hérode.

Pyramides de Giseh (Caire)
CP: Wikipédia

L’Égypte, pays des grandes civilisations

Après cela l’Égypte était un pays historique. Un pays qu’on nous présentait en classe comme ayant une des civilisations les plus brillantes. Un pays qui, dès le IVe millénaire av. J-C avait inventé une écriture sous forme d’idéogrammes appelés hiéroglyphes. On nous avait présenté les mythiques pyramides d’Égypte : ces fameux tombeaux où étaient conservés les corps momifiés des pharaons,de leurs épouses ainsi que les personnages clés de l’Etat. Parmi les plus célèbres nous avons celles de Khéops, Khéphren et Mykérinos, à Gizeh. Elles devaient permettre à leurs occupants de rejoindre le dieu du disque solaire Rê, dans les meilleures conditions. La pyramide de Khéops est la plus grande jamais réalisée. Elle s’élevait à l’origine à plus de 146 mètres, elle repose depuis plus de 4.500 ans sur une base de 230 mètres Sa construction aurait nécessité le travail de près de 20.000 ouvriers durant plus de 20 ans.

Je me souviens du célèbre phare d’Alexandrie qui avait servi de guide aux marins pendant près de dix-sept siècles. Il fait partie des sept merveilles du monde antique et est classé patrimoine mondial de l’humanité.

Plus tard il était devenu pour moi un pays de fiction : avec des films comme le retour de la momie, Cléopâtre, Pyramids etc qui relataient la riche civilisation de ce pays. Pour couronner le tout, j’ai étudié une matière transversale à l’université qui portait sur l’égyptien ancien avec l’apprentissage de l’hiéroglyphe.

L’Égypte, mon pays hôte

Il y a quelques mois j’ai lu un article qui nous expliquait que la statut de la liberté, monument symbolique des Etats Unis, avait pour origine l’Égypte : Frédéric-Auguste Bartholdi se serait inspiré des colosses d’Égypte et de la silhouette « d’une femme paysanne égyptienne voilée ». C’est dans ces contextes que je me familiarisais peu à peu avec l’Egypte. Dorénavant, il représente mon pays d’accueil pour ans deux ans. Poursuivre mes études dans ce pays, avait été pour moi une occasion en or, ce qui m’avais permis de faire un tour dans l’histoire.

Ce qui m’avait d’abord marqué à mon arrivée en Égypte c’est la langue. Au Cameroun, j’avais appris que la langue officielle c’était l’arabe et que   l’anglais était parlé par presque tout le monde. C’était une grosse erreur de ma part car la faible proportion de ceux qui parlent anglais se limite en majorité à quelque phrase tel que : « hello, what is your name ? From where ? Please photo, selfie ? » Ainsi ces questions agrémentaient notre quotidien. Ce que j’ai retenu c’est que la majorité des Égyptiens connaissent le Cameroun à travers le football. Pour les vieux c’est « wauhhhh Roger Milla good players », pour d’autres « yeahhhh  Issa Hayatou » et pour les plus jeune « Samuel Eto’o ». Ils se souviennent et se réjouissent de notre défaite de 6 buts contre 0 face à l’Egypte et surtout de notre victoire face à leur équipe nationale à la CAN masculine 2017 au Gabon.

J’ai remarqué qu’on a vraiment un point commun : les photos. Ils en raffolent. Chaque fois, après quelques commodités de présentations, ils en demandaient. Au départ, j’émettais quelques réserves et réticences car je trouvais cela bizarre de me filmer avec eux mais par la suite je me suis laissée séduire par le jeu. Dès lors je m’éclatais : je prenais des photos genre une star entourée de paparazzi, je faisais des posters, des sourires et aussi moi j’en prenais avec mon appareil. Un jour nous étions allés visiter un monastère Copte avec une amie égyptienne, c’était le best on avait pris les photos avec une centaine de personne au point de prolonger notre temps de visite.

L’Égypte, entre rêve et réalité

Être en Égypte m’avais permis de renouer avec l’histoire. Ainsi j’ai pu marcher sur la terre des prophètes et du Messie, faire une croisière sur le Nil, visiter les pyramides, me rendre sur le site de l’ancien phare, les citadelles, le palais de Montazah, les temples et les tombeaux des pharaons de Louxor. Ces sensations, ces moments, ces lieux étaient vraiment pharaoniques et exceptionnels. Mes frères anglosaxons diraient :   ‘the place to be’, dommage que je n’ai pas pu aller au Sinaï à cause de l’insécurité.

Cependant ça  n’ a pas été  toujours facile de vivre loin de chez soi et de ceux qu’on aime. Dans un pays très différent du nôtre sur le plan linguistique, culturel, alimentaire etc. Ici le weekend c’est du jeudi soir au samedi. Nous consommions presque tous les jours du riz. Pourtant chez nous on peut faire une semaine sans en consommer. Parfois dans la rue, certaines personnes nous insultaient quand on marchait, poussait des cris genre « ahouuuuuu, ahouuuuuu, akounamatata » , riant. Ils faisaient semblant de vouloir demander l’heure pour juste nous rappeler qu’on est noir, criant les mots tel que ‘samara ’qui veux dire pour certains noire, africain, foncé ; ‘chocolata’ , ‘africana. Mais très vite on s’était approprié ce nom et l’avions ironisé sous l’appellation oxymorique et affectueuse : « habibi* samara ». Un jour on avait même proposé à un ami de l’emmener en Europe dans un mini bateau je veux dire pirogue kaiiiii.

Bien que cela faisait partie de notre quotidien  au pays des pharaons je me sentait comme chez moi. Dans mon université nous étions plus de 25 nationalités d’Afrique francophone et d’Haiti. C’est comme si on avait un pays à nous le Senghorland (ensemble des étudiants de l’université Senghor) sans oublier ma communauté les lions chocos*. Nous avons de nombreuses activités qui agrémentaient nos quotidiens et nos weekends nous plongeant ainsi en permanence dans l’ambiance de nos pays bien et des 24 autres nationalités d’Afrique francophone et Haiti

L’Égypte j’y  étais, je  prenais la vie du bon côté et tout allait  pour le mieux dans le meilleur des monde car voyager c’est découvrir et aller à la rencontre des autres malgré leurs différences.

Habibi : chéri (e)

Lions chocos : nom de la communauté camerounaise de l’université Senghor

A+

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Commentaires

MAdjeuteu
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Ton séjour en Égypte t'a vraiment marqué. Merci de partager tes souvenirs avec nous

moniksquare
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Oui incroyable le pays des pharaons. Merci