Entretien avec M Nandou Tenkeu Muller, promoteur du « charbon vert »
Nous vous proposons d’aller à la rencontre d’un jeune entrepreneur qui a mis sur pied il y a quelques années l’entreprise KEMIT ECOLOGY, spécialisée dans la production du charbon vert. Il a eu l’amabilité de partager son expérience avec nous.
Qui est Tenkeu Muller ?
Tenkeu Muller est un jeune entrepreneur « vert » camerounais. Il a commencé en 2011 à l’Université de Douala comme président de la Division Ecologie, il a aussi travaillé au Club Biologie et au club Biodiversité et Santé, avant de créer l’entreprise KEMIT ECOLOGY, spécialisée dans la production du charbon vert. Ce charbon est fait à partir des déchets divers, organiques ménagers, agricoles et aussi de rebuts de scierie. Tenkeu Muller a également fait des consultations pour l’organisation internationale des Sciences et Technologies innovantes qui est sous couvert de l’UNESCO basée à Kuala Lumpur (Malaisie). En 2015, il a collaboré avec RFI et France 24 pour créer l’émission les « Observateurs du Climat », il effectue aussi les consultations dans le domaine de l’entreprenariat vert. Il est lauréat du prix Initiatives Climat Afrique Francophone décerné lors de la Conférence des Nations Unies sur les Changements climatiques à Marrakech COP22. Il travaille parallèlement comme correspondant pays de l’organisation Initiatives Climat et poursuit ses études en thèse de Doctorat PhD spécialisé en énergies renouvelables, notamment en biomasse à l’Ecole Doctorale des Sciences Fondamentales et Appliquées de l’Université de Douala, c’est un enfant de Dieu engagé.
Comment est née l’innovation charbon écologique ou vert ?
L’innovation charbon écologique est née en 2012 pendant les travaux pratiques dans la mangrove. J’ai constaté que les populations coupaient du bois de mangrove pour la cuisson. Alors j’ai mis au point ce charbon vert à partir de leurs propres déchets pour résoudre ce problème de bois énergie et protéger l’environnement.
Quel est le processus de fabrication du charbon vert ?
La fabrication commence par la collecte, le tri, le séchage, la carbonisation… ce qui donne les briques de charbon pour consommation (cuisson des repas, chauffage artisanal des poussins, repassage artisanal). Durant cette transformation, nous obtenons les huiles qui sont utilisables comme carburant dans les brûleurs à fuels lourds pour les moteurs puissants.
En plus d’être écologiquement durable cette activité est-elle rentable?
L’activité est rentable si l’on investit suffisamment au lancement. En ce qui concerne mon entreprise, nous sommes en train d’atteindre l’équilibre d’investissement après trois années d’activité, et nous savons que la rentabilité suivra sous peu.
Quels sont les difficultés que vous rencontrez ?
Les difficultés rencontrées sont surtout d’ordre technique. D’abord, nous mettons beaucoup de temps pour concevoir les machines appropriées pour notre production. Ce qui a contribué à freiner notre décollage définitif. Mais nous y travaillons toujours. Ensuite, la mauvaise mentalité des techniciens qui ne respectent pas les délais pour la plupart, ou ne maîtrisent pas toujours leur domaine d’activité. Enfin, le fait que l’activité en elle-même est nouvelle et donc, pas facilement compréhensible par les populations.
Quels sont vos perspectives pour la suite ?
Nous comptons atteindre l’équilibre d’investissement dès le premier trimestre 2018 surtout avec la subvention octroyée par le Programme d’Appui à la Recherche du Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, l’Entreprise SOGEA SATOM, la Marie de Douala Deuxième et la Faculté des Sciences de l’Université de Douala. Nous allons accroitre la capacité de production à 100 tonnes par mois à l’horizon 2020, ouvrir des unités de production et de distribution dans la plupart des zones stratégiques du pays et approvisionner même la sous- région avec l’ouverture des frontières qui est désormais effective.
Quels conseils donnez-vous à tous les jeunes qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Le conseil que je peux donner à tous les jeunes c’est d’oublier les diplômes accumulés à l’école, d’identifier un besoin dans la communauté, de réfléchir sur la solution à ce besoin et de développer cette solution ou idée pour aider ou apporter une contribution dans la communauté. Le succès sera au bout de l’effort. Un autre conseil, c’est qu’il faut que les jeunes se réapproprient le Cameroun qui regorge d’énormes potentialités de succès dans tous les domaines au lieu d’aller grossir les rangs des sans papiers ou d’immigrés dans d’autres pays.
Merci M. NANDOU Tenkeu Muller pour cette entretien très enrichissant. Nous vous souhaitons le meilleur pour la suite et longue vie à KEMIT ECOLOGY.
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