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C’est pharaonique

De ma tendre enfance, mes lectures bibliques me permirent de découvrir l’Égypte à travers mon imaginaire. Je me souviens de l’histoire de Joseph qui après avoir été vendu par ses frères en tant qu’esclave va réussir à gravir les échelons pour devenir l’homme le plus puissant d’Égypte après le pharaon. Je me rappelle encore de l’histoire de Moise qui avait été déposé sur le Nil par sa mère et celle de Jésus qui s’y réfugiait avec sa famille pour échapper à la colère d’Hérode.

Pyramides de Giseh (Caire)
CP: Wikipédia

L’Égypte, pays des grandes civilisations

Après cela l’Égypte était un pays historique. Un pays qu’on nous présentait en classe comme ayant une des civilisations les plus brillantes. Un pays qui, dès le IVe millénaire av. J-C avait inventé une écriture sous forme d’idéogrammes appelés hiéroglyphes. On nous avait présenté les mythiques pyramides d’Égypte : ces fameux tombeaux où étaient conservés les corps momifiés des pharaons,de leurs épouses ainsi que les personnages clés de l’Etat. Parmi les plus célèbres nous avons celles de Khéops, Khéphren et Mykérinos, à Gizeh. Elles devaient permettre à leurs occupants de rejoindre le dieu du disque solaire Rê, dans les meilleures conditions. La pyramide de Khéops est la plus grande jamais réalisée. Elle s’élevait à l’origine à plus de 146 mètres, elle repose depuis plus de 4.500 ans sur une base de 230 mètres Sa construction aurait nécessité le travail de près de 20.000 ouvriers durant plus de 20 ans.

Je me souviens du célèbre phare d’Alexandrie qui avait servi de guide aux marins pendant près de dix-sept siècles. Il fait partie des sept merveilles du monde antique et est classé patrimoine mondial de l’humanité.

Plus tard il était devenu pour moi un pays de fiction : avec des films comme le retour de la momie, Cléopâtre, Pyramids etc qui relataient la riche civilisation de ce pays. Pour couronner le tout, j’ai étudié une matière transversale à l’université qui portait sur l’égyptien ancien avec l’apprentissage de l’hiéroglyphe.

L’Égypte, mon pays hôte

Il y a quelques mois j’ai lu un article qui nous expliquait que la statut de la liberté, monument symbolique des Etats Unis, avait pour origine l’Égypte : Frédéric-Auguste Bartholdi se serait inspiré des colosses d’Égypte et de la silhouette « d’une femme paysanne égyptienne voilée ». C’est dans ces contextes que je me familiarisais peu à peu avec l’Egypte. Dorénavant, il représente mon pays d’accueil pour ans deux ans. Poursuivre mes études dans ce pays, avait été pour moi une occasion en or, ce qui m’avais permis de faire un tour dans l’histoire.

Ce qui m’avait d’abord marqué à mon arrivée en Égypte c’est la langue. Au Cameroun, j’avais appris que la langue officielle c’était l’arabe et que   l’anglais était parlé par presque tout le monde. C’était une grosse erreur de ma part car la faible proportion de ceux qui parlent anglais se limite en majorité à quelque phrase tel que : « hello, what is your name ? From where ? Please photo, selfie ? » Ainsi ces questions agrémentaient notre quotidien. Ce que j’ai retenu c’est que la majorité des Égyptiens connaissent le Cameroun à travers le football. Pour les vieux c’est « wauhhhh Roger Milla good players », pour d’autres « yeahhhh  Issa Hayatou » et pour les plus jeune « Samuel Eto’o ». Ils se souviennent et se réjouissent de notre défaite de 6 buts contre 0 face à l’Egypte et surtout de notre victoire face à leur équipe nationale à la CAN masculine 2017 au Gabon.

J’ai remarqué qu’on a vraiment un point commun : les photos. Ils en raffolent. Chaque fois, après quelques commodités de présentations, ils en demandaient. Au départ, j’émettais quelques réserves et réticences car je trouvais cela bizarre de me filmer avec eux mais par la suite je me suis laissée séduire par le jeu. Dès lors je m’éclatais : je prenais des photos genre une star entourée de paparazzi, je faisais des posters, des sourires et aussi moi j’en prenais avec mon appareil. Un jour nous étions allés visiter un monastère Copte avec une amie égyptienne, c’était le best on avait pris les photos avec une centaine de personne au point de prolonger notre temps de visite.

L’Égypte, entre rêve et réalité

Être en Égypte m’avais permis de renouer avec l’histoire. Ainsi j’ai pu marcher sur la terre des prophètes et du Messie, faire une croisière sur le Nil, visiter les pyramides, me rendre sur le site de l’ancien phare, les citadelles, le palais de Montazah, les temples et les tombeaux des pharaons de Louxor. Ces sensations, ces moments, ces lieux étaient vraiment pharaoniques et exceptionnels. Mes frères anglosaxons diraient :   ‘the place to be’, dommage que je n’ai pas pu aller au Sinaï à cause de l’insécurité.

Cependant ça  n’ a pas été  toujours facile de vivre loin de chez soi et de ceux qu’on aime. Dans un pays très différent du nôtre sur le plan linguistique, culturel, alimentaire etc. Ici le weekend c’est du jeudi soir au samedi. Nous consommions presque tous les jours du riz. Pourtant chez nous on peut faire une semaine sans en consommer. Parfois dans la rue, certaines personnes nous insultaient quand on marchait, poussait des cris genre « ahouuuuuu, ahouuuuuu, akounamatata » , riant. Ils faisaient semblant de vouloir demander l’heure pour juste nous rappeler qu’on est noir, criant les mots tel que ‘samara ’qui veux dire pour certains noire, africain, foncé ; ‘chocolata’ , ‘africana. Mais très vite on s’était approprié ce nom et l’avions ironisé sous l’appellation oxymorique et affectueuse : « habibi* samara ». Un jour on avait même proposé à un ami de l’emmener en Europe dans un mini bateau je veux dire pirogue kaiiiii.

Bien que cela faisait partie de notre quotidien  au pays des pharaons je me sentait comme chez moi. Dans mon université nous étions plus de 25 nationalités d’Afrique francophone et d’Haiti. C’est comme si on avait un pays à nous le Senghorland (ensemble des étudiants de l’université Senghor) sans oublier ma communauté les lions chocos*. Nous avons de nombreuses activités qui agrémentaient nos quotidiens et nos weekends nous plongeant ainsi en permanence dans l’ambiance de nos pays bien et des 24 autres nationalités d’Afrique francophone et Haiti

L’Égypte j’y  étais, je  prenais la vie du bon côté et tout allait  pour le mieux dans le meilleur des monde car voyager c’est découvrir et aller à la rencontre des autres malgré leurs différences.

Habibi : chéri (e)

Lions chocos : nom de la communauté camerounaise de l’université Senghor

A+


Le match Cameroun-Maroc vu des gradins !

Samedi dernier j’ai assisté à mon premier match de football international. Il opposait deux lions : les lions indomptables du Cameroun aux lions de l’Atlas du Maroc. Il s’est déroulé au stade omnisports de Yaoundé et a débuté à 15h.

CP: Monique Laure ; Ticket du match Cameroun-Maroc
du 10/06/2017

S’il est vrai que le match se joue sur la pelouse, un autre se joue simultanément sur les gradins entre les supporters. Ici tout le monde est sabitout (connais tout). Ce qui m’a marqué dès mon entrée au stade c’était le nombre de spectateurs. Il y’avait très peu de spectateurs ! C’était étonnant de ne pas voir les nombreux fans venus supportés les champions d’Afrique en titre.

Beaucoup de supporteurs ne connaissaient même pas que le match qui se jouait était la première journée éliminatoire CAN Cameroun 2019 heinnn. Bien que le Cameroun soit déjà qualifié en tant que pays organisateur, ce match compte bel et bien pour les éliminatoires de la prochaine CAN. Ils se croyaient à un match amical ce qui pourrait justifier le manque d’engouement des supporters, il a fallu vérifier sur nos tickets d’entrées au stade pour arrêter les discussions car beaucoup ne l’avait pas lu.

Dans les gradins les supporters sont repartis en clan : certains supportent un joueur plus que d’autres, et d’autres supportent un joueur au détriment des autres. C’est ainsi qu’on avait le clan Bassogog, Fai Collins, Ondoa etc. Dès qu’un joueur fait une passe décisive les fans de son clan sont les premiers à jubiler. Il est important de noter que ces clans et ces fans club se constituaient aussi en fonction du quartier dans lequel ces joueurs avaient évolué, ou de leurs différentes performances tant à l’équipe nationale qu’en club.

Pendant toute la durée du match les supporters sont dans les échanges, les discussions chacun essaye de convaincre ses voisins. Ainsi il se dégage tous genre d’informations. Les chinois nous ont trop vendu les choses, nous aussi on les a vendus Bassogog, quand ils voient Bassogog ils tremblent car il est plus rapide que la fusée. D’autres critiquent les joueurs qu’ils sont faibles au point de chauffer le banc dans leurs clubs, qu’il suffit qu’Eto’o arrive au stade pour faire fuir en 15 minutes les adversaires. Mais certains admirent le talent des champions d’Afrique. Cependant plusieurs affirment connaitre les joueurs : « Moukandjo là c’est mon ami heinn ! Nous avons joué ensemble au quartier quand il était gamin » néanmoins personne n’est sûr de rien.

Teikeu a été nommé Rigo, surnom de l’ancien capitane des lions, en disant que celui-ci l’a appris à être un bon défenseur. Dès que le ballon vient vers lui, il dégage très loin sans réfléchir.

La mi-temps a été marquée par l’arrosage automatique du stade, que certains considérait comme du gaspillage « Comment peut-on verser l’eau comme ça yeush, pourtant certains quartiers ici ne sont pas approvisionner en eau ». Après la mi-temps lorsqu’un joueur tombe certains disent que le stade est devenu le marécageux à cause de l’arrosage, alors qu’en Occident la quantité d’eau utilisée pour arroser est mesurée. Bien que les joueurs tombaient déjà depuis le début du match.

CP: Avenir Géraldine ; les gradins presque vides pendant le match

D’autres personnes à l’instar de ma voisine supportait en priant. On pouvait attendre des cris comme « pardon Seigneur ! » « Amdoulilah » lorsque le ballon se dirige vers les goals du Cameroun ou lorsqu’un joueur fait une bonne passe. Quand la situation devient compliquée certains l’encouragent à prier en lui disant : « Dieu écoute tes prières, continue ».

C’est dans cette atmosphère que se déroulait le match. Le seul moment ou tous étaient d’accord c’est lorsque Vincent Aboubakar à la 29 eme minute a marqué le seul but de la journée, tout le monde était debout comme un seul homme en criant et exultant de joie. Oubliant qu’il y’a peu, il le nommait AVC.

Au final, un champion reste un champion, Cameroun 1 –Maroc 0

Il a rugi et affirmé son autorité.

Et vous comment avez –vous vécu ce match ?